La première des créations du vivant, selon le livre de la Genèse, fut le monde végétal : « Dieu dit : Que la terre produise de la verdure, de l’herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. » (1) Tout au long des écrits sacrés, le monde végétal occupe une place très importante. Aucune vie sur terre ne serait possible sans les plantes. Non seulement elles servent à nourrir les animaux et les hommes, non seulement elles sont à la base de nombreux médicaments, mais surtout elles absorbent le gaz carbonique, et nous fournissent de l’oxygène indispensable à la vie. Au-delà de toutes ces utilités, les plantes véhiculent un message symbolique que nous retrouvons dans les textes bibliques et le Coran.
Diversité et complémentarité
La première remarque que m’inspire cette création luxuriante est non seulement sa diversité, mais aussi sa complémentarité. Cette diversité est au service des êtres vivants. Les plantes sont notre garde à manger. Elles peuvent nous fournir tous les nutriments nécessaires à notre croissance, à notre santé physique, au subtil et vital équilibre sanguin… Si notre alimentation n’était basée que sur une seule plante, cela créerait un déséquilibre propice à toutes sortes de maladies. Dieu a voulu la diversité, pour que dans cette immense variété, nous trouvions tout ce dont notre corps a besoin :
« Je vous donne toute herbe portant de la semence … et tout arbre ayant en lui du fruit… ce sera votre nourriture. » (2)
Nous retrouvons, dans cette création infiniment variée du monde végétal, trois grands principes qui régissent le fonctionnement divin. Dieu est le Créateur, à la fois, de la diversité, de la complémentarité et de la finalité. La diversité des plantes est une réalité incontournable. Imaginez une terre où il n’y aurait qu’une seule espèce de plante ; combien ce serait triste et invivable ! Cette abondante diversité nous invite à accepter au sein de la communauté humaine, les différences. Acceptons nos différences, voyons dans celles-ci une manifestation de la sagesse infiniment variée de Dieu, une expression de sa volonté.
Mais la diversité a un but : la complémentarité. Pour les plantes, nous voyons, non seulement la complémentarité dans tout ce qu’elles nous offrent : fibres, vitamines, sucres, minéraux, protéines, lipides, etc., mais également la complémentarité qu’elles développent entre-elles. Par exemple, les œillets d’Inde font fuir les parasites qui attaquent les tomates. Les odeurs émises par les carottes protègent les oignons de leurs prédateurs, et vice-versa. Les chercheurs ont mis en évidence les bienfaits d’une agriculture polyvalente, basée sur la complémentarité des plantes pour se protéger les unes les autres, sans qu’il soit besoin de l’énorme quantité de pesticides, nécessaire dans la monoculture intensive. De même, nos différences, au sein de nos communautés, doivent être une raison pour nous entraider, nous protéger les uns les autres, mais également pour offrir au monde qui nous entoure une diversité de témoignages, en nous aimant les uns les autres. Soulignons enfin que la finalité des plantes est de permettre le maintien de la vie sur terre. De même, nous qui sommes enfants de Dieu, la finalité de nos existences diverses et complémentaires, c’est de répondre à cette injonction du Seigneur : « Bénissez et ne maudissez pas. » (3)
L’Olivier
Parmi les milliers de plantes il en est trois en particulier qui ont une place importante dans la diversité des contextes culturels du bassin méditerranéen : l’olivier, le figuier et la vigne. Dans la Bible l’arbre le plus chargé de symboles est certainement l’olivier. De nombreux versets y font référence. La première mention de cet arbre, c’est lorsque la colombe revient vers Noé avec une branche d’olivier dans son bec :
« Vers le soir, elle revient auprès de Noé. Dans son bec, elle tient une jeune tige d’olivier. Ainsi Noé sait que l’eau a baissé sur la terre. » (4)
L’olivier, symbolise dans la Bible la paix, la réconciliation, la bénédiction et même le sacrifice (Gethsémané signifiant le pressoir à olives). L’onction à l’huile d’olive est souvent mentionnée concernant les sacrificateurs, les rois et les prophètes, ou même divers objets ; après sa vision de l’échelle, Jacob enduisit d’huile d’olive la pierre de Bethel (5). Les usages de l’huile d’olive sont multiples : elle apaise les brûlures, purifie les plaies, sert de nourriture, et fournit un combustible pour les lampes du temple. Le bois de l’olivier fut utilisé pour faire les poteaux des portes du temple, ou les chérubins dans le sanctuaire (6). L’olivier, est un symbole des croyants, comme le rappelle l’apôtre Paul dans sa lettre adressée aux croyants de la ville de Rome. Si le psalmiste se compare à un olivier verdoyant (7), c’est parce que les feuilles de l’olivier se renouvellent constamment sans qu’il les perde toutes ; il est toujours vert.
À notre tour, nous pouvons aspirer à être semblables à des oliviers. De ceux qui propagent un message de paix, de réconciliation, d’amour, de sainteté. De ceux qui, étant oints, communiquent l’onction. De ceux qui acceptent d’aimer pour que l’huile coule sur les cœurs blessés, apportant des paroles de consolation et de guérison. De ceux qui se laissent sculpter par les mains du divin ciseleur, pour faire de nous des colonnes dans son sanctuaire. De ceux qui ne cherchent pas à dominer mais à servir, comme le rappelle cet olivier qui ne voulut pas régner sur les arbres :
« L’olivier répondit : Renoncerais-je à mon huile, qui m’assure les hommages de Dieu et des hommes, pour aller planer sur les arbres ? » (8) (Juges 9.9)
La diversité infinie des plantes en général, et l’olivier, qui, en particulier, caractérise notre beau bassin méditerranéen, nous invitent à rechercher le bien des autres. Faisons de nos différences, non des raisons de nous ostraciser les uns les autres, mais de nous rapprocher les uns des autres.
Notes
(1) Genèse 1 : 11/12
(2) Genèse 1 : 29
(3) Évangile de Luc 6 : 27/38
(4) Genèse 8 : 11
(5) Genèse 28 : 18
(6) 1 Rois 6 : 23/31
(7) Psaumes 52 : 10
(8) Juges 9 : 9