Fin des années 70, un petit algérien débarque en France. Il arrive en Lorraine, pays du minerai de fer et de la sidérurgie, mais surtout pays de la Mirabelle. Tous les 6 décembre, ce jeune musulman attendait avec impatience et envie la fête de la Saint-Nicolas. Mais savait-il qui est Saint Nicolas ? Pas le moins du monde, tout ce qu’il savait c’est que ce Saint Nicolas était très gentil avec les enfants qui avaient été sages durant l’année écoulée. Par contre, il savait aussi, que s’il n’avait pas été sage, il recevrait des coups de martinet par le père Fouettard.
Il est à noter que le Nord de la France, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse et l’Allemagne fêtent la Saint-Nicolas. Cette traditionnelle fête connue sous le nom de Nicolas de Myre ou Nicolas de Bari, était un évêque de l’Orient de l’Empire romain qui fut selon l’hagiographie chrétienne très bon avec les enfants. Il serait mort le 6 décembre à Myre. Saint Nicolas est le patron de la Lorraine et c’est ainsi que dans les écoles du département de la Moselle, où le petit algérien avait reçu les enseignements prodigués par l’école de la République, où le catéchisme est enseigné aux enfants de confession catholique, un colis de friandises était distribué à chaque élève sans distinction de race, de couleur et encore moins de religion.
Ce petit garçon, de confession musulmane, que je suis, a grandi avec cet esprit de tolérance, de partage et de fraternité avec l’ensemble de mes camarades, qu’ils soient chrétiens, juifs ou athées. Adulte, je suis totalement déboussolé car je ne comprends pas cette France qui interdit les crèches dans les mairies alors même que j’ai grandi avec celles-ci. Que s’est-il passé en France pour que des symboles, certes religieux, présents au sein des institutions depuis des millénaires, ne soient plus tolérés dans un pays aux racines chrétiennes ? Le petit garçon, que je suis, algérien de confession musulmane, aujourd’hui adulte, je garderai à jamais ces symboles religieux chrétiens et plus encore la fête de la Saint Nicolas dans ma tête et dans mon cœur ; cette fête que l’école de la République m’a transmise !
Beau texte, intelligent et nuancé, rempli de nostalgie et de sagesse.
Voilà que je découvre ce super témoignage de mon frère aîné que j’ai suivi dans cette lorraine sidérurgique et neigeuse ; une enfance où on peut se lancer dès boules de neiges, sortir les bottes pour traverser des mètres de neige et où le saint Nicolas vient vous réconforter un peu en débarquant dans votre classe de maternelle ne peut être qu’une enfance heureuse… Même si on ne suivait pas les cours de catéchisme encore donnés en Alsace-Lorezine, on profitait des traditions en mangeant du bon pain d’épice ! Merci pour ce vibrant témoignage frérot !!
Excellent texte qui nous éloigne des problématiques anxiogènes liées à l’actualité.
Merci.
Je rêve d’un monde où la tolérance et l’acceptation de l’autre régnera, où les cultures s’enrichiront au contact les unes des autres et où personne ne voudra imposer sa règle mais plutôt apprendre de l’autre et de sa différence. Merci Mohammed pour ce beau souvenir partagé. Lorraine, moi aussi je garde dans mon souvenir l’arrivée de saint Nicolas et du père Fouettard, des petits sachets de bonbons, pain d’épices et chocolats…
Un vibrant hommage rendu à la Saint Nicolas par un musulman qui a évolué au sein d’une société et à une époque où la religion n’était pas le moins du monde un tabou et encore moins un sujet de clivage et de division des différentes richesses qui composent la France.