Crédit photos : Philippe Klein
Le véritable adage que vous connaissez est : « l’habit ne fait pas le moine », cette expression signifie que l’apparence d’une personne est souvent trompeuse et qu’il faut éviter de juger ou classer les individus en raison de leurs tenues vestimentaires. A ce sujet, le pape Grégoire IX cite Saint-Jérôme dans une lettre : « Ce n’est pas à l’habit qu’on reconnaît le moine mais à l’observation de la règle et la perfection de la vie. Il faut ainsi faire la distinction entre l’être et le paraître ». Le choix de ce titre n’est pas anodin lorsque le rabbin Gabriel Hagaï se présente devant notre auditoire en ce dimanche 31 octobre 2021 pour commencer sa conférence sur la Torah face aux autres religions.
Quand nous visualisons l’image d’un rabbin, nous pensons à un homme avec une longue barbe, coiffé d’un chapeau en feutre noir et vêtu d’un costume sombre avec une chemise blanche. Que nenni, avec Gabriel Hagaï dont l’apparence voulue nous fait plus penser à un imam avec sa longue tunique, le qamis et coiffé d’un kufi, couvre chef. Ce rabbin atypique s’habille ainsi, d’une part comme les rabbins séfarades d’autrefois et d’autre part pour déconstruire les préjugés hâtifs que nous avons dans nos sociétés, étant donné que pour lui les habits n’ont pas de religions. Pour mieux comprendre cet humaniste iconoclaste qui s’investit sans relâche dans le dialogue interreligieux pour promouvoir la paix, il est de bon aloi de vous énoncer son parcours de vie, riche et éclectique.
Actuellement enseignant-chercheur et chargé de cours dans plusieurs universités et instituts supérieurs Parisiens. Gabriel Hagaï est un rabbin juif orthodoxe Franco-Israélien, linguiste, philologue, paléographe-codicologue, poète, calligraphe, conférencier et également maître-initiateur dans une tradition mystique non-dualiste du judaïsme séfarade remontant jusqu’à Moïse. Sa formation, tant mystique que rabbinique s’est effectuée à Jérusalem où il a étudié 14 ans dans une yeshiva. Parallèlement, il a suivi avec assiduité la pratique et les enseignements de ses maîtres du Sérekh haq-Qirba (la voie de la Proximité) pendant plus de 7 ans, nuits et jours, avant de recevoir d’eux leur ordination. Son principal maître, Ribbi Ôvadyâ Mîmûni était le 105ème de leur lignée de transmission ininterrompue depuis Môshè Ribbénu (Moïse, notre Maître).
Il commence son discours par ses mots : « Que la paix, la miséricorde de Dieu et sa bénédiction soient avec vous ». Puis il nous dit qu’avant de commencer une séance d’étude ou une conférence, qu’il est de tradition dans le Talmud de raconter une blague, car elle ouvre le cœur et ainsi nous pouvons mieux recevoir. C’est ainsi qu’avec humour, il enchaîne son propos en regardant une partie bien en chair de son corps et il déclame : » Saviez vous que le ventre : c’est la moitié d’un rabbin. » Tout le personnage est personnifié dans ce moment, où il passe de la prière à l’autodérision, et ceci est loin d’être anecdotique comme vous pourrez le voir par la suite.
Gabriel nous indique qu’il appartient au judaïsme orthodoxe mais que le mot judaïsme est un terme inventé par les occidentaux à l’époque des traditions humanistes. La véritable tradition religieuse pour les juifs s’appelle TORAH dont la racine signifie « guider, montrer et enseigner ». Le christianisme l’a traduit par la loi en raison des tables de la loi révélés à Moïse, mais la véritable signification est : ENSEIGNEMENT. Cet enseignement est révélé à Moïse sur le mont Sinaï et il est donné à sa famille, les enfants de Jacob, il indique l’existence d’un Dieu unique, créateur et provident, il spécifie un message universel que l’être humain est crée à l’image du créateur.
L’enseignement qu’il a reçu grâce au judaïsme orthodoxe est une tradition spirituelle, mystique de réalisation de soi, de transformation, pour retrouver cette essence divine que nous avons en chacun de nous et pour atteindre l’union sacrée, pour s’unir avec Dieu. Mais l’homme dans ce temple du cœur, dans ce lieu sacré a conçu une idole : l’égo. Cet égo empêche la lumière divine de rentrer en nous et d’exister et donc il faut détruire cette idole qui nous emprisonne dans des structures mentales pour atteindre à nouveau la félicité. Car nous sommes tous des frères et sœurs, tous à l’image de Dieu, nous sommes le monde et tout être réalisé, le ressent.
Personne ne peut se dire supérieur par rapport à ses semblables « Moi en tant que rabbin je m’intéresse aux autres religions et je me nourris chez les érudits avec cette obligation de connaissances et de partage. Le contact avec les autres croyants m’aide à m’élever. Ainsi je deviens meilleur dans ma religion grâce à l’autre. » Tendre vers la perfection et l’excellence et vivre en harmonie avec toutes créatures qui vivent sur terre, travailler sur soi, être humain à l’image de Dieu. Voici les messages que Gabriel nous a prodigué lors de cette magnifique conférence organisée à Perpignan grâce à l’entremise du Docteur Samia Selmani, présidente-fondatrice de Méditerranée Plurielle et de ses membres du bureau.
Il s’est ensuivi ensuite des échanges entre le public et Gabriel Hagaï … »Profitez !!! Vous avez un rabbin sous la main« , dit-il avec un clin d’œil.
« La Torah face aux autres religions » conférence présentée par le rabbin Gabriel Hagaï.
Manifestation organisée par Méditerranée Plurielle.
Crédit photos : Philippe Klein.