De gauche à droite : Olivier Romero Gayo (conseiller régional), Samia Selmani (présidente-fondatrice de Méditerranée Plurielle) et droite : maître Corine Serfati-Chetrit. Crédit photos : Méditerranée Plurielle.
Au niveau législatif, institutionnel et judiciaire, des avancées notables ont été constatées. Il y a 20 ou 25 ans, le sujet des violences faites aux femmes n’était jamais ou très peu abordé, malheureusement un silence de plomb pesait sur la société. De nos jours, ces actes de violences font partie des priorités pour l’ensemble des parquets nationaux qui mettent en place des prises en charge rapides et une résolution efficace. Ainsi, il est légitime de se poser la question suivante : quelles réactions et quelles actions ont été concrètement élaborées pour prévenir, traiter et sanctionner ces violences ? La réponse la plus adaptée, pour ce type de violences, est l’application et la soumission stricte aux lois de la République.
Dans l’échelle des violences, l’injure est une infraction pénale, les violences verbales répétées sont un délit et font l’objet de sanctions et réponses pénales adaptées, le harcèlement moral et psychologique répété (dénigrement permanent) peut s’exercer au sein de la famille, dans le monde du travail. Le harcèlement, qu’ il soit moral ou psychologique, peut conduire à des situations et des conséquences graves, pour les victimes, comme la dépression.
Les violences physiques peuvent présenter un éventail très large, cela peut commencer par la gifle, en passant par les coups de poings et finir par les coups mortels. Le système judiciaire (les juges, le tribunal de police, le tribunal correctionnel et la cour d’assises) peut-il prendre en charge, avec efficacité, le phénomène tout en tenant compte de la gravité des infractions en lien avec les préjudices subis. Les victimes éprouvent beaucoup de difficultés à révéler les violences subies en s’enfermant dans un silence extrêmement lourd. Ce silence peut être la conséquence d’une dépendance économique, d’une honte non négligeable, d’un isolement social (absence d’amis et de famille) et d’une culpabilité de la femme, de peur de faire éclater la famille avec une volonté de ne pas infliger une souffrance aux enfants. Il est important de souligner que les enfants sont des victimes collatéraux des violences conjugales infligées aux mères. Au regard des mésententes et des violences subies par les mamans, les enfants sont dans certains cas placés par le juge, dans des structures spécialisées ou des familles d’accueil afin de garantir la protection des enfants.
Sur le plan juridique, une nouvelle procédure a été instaurée. Une réponse est apportée aux civils dans les 48h après un signalement des femmes battues. Cette procédure permet dans une courte durée au juge de prononcer des mesures de protection. L’auteur des faits peut être convoqué devant le juge afin que ce dernier puisse trancher sur la garde des enfants, sur la pension alimentaire ou la jouissance du domicile conjugal.
Ces mesures concrètes et efficaces ne peuvent pas à elles seules rassurer les victimes. Leur prise en charge est également assurée par des associations qui ont les moyens d’accueillir les victimes et leurs enfants. Ces associations les reçoivent pour instaurer un climat de confiance en les orientant vers des professionnels (avocats, assistants sociaux, etc.), pour les entendre et être à leur écoute. Une prise en charge urgente est souvent nécessaire pour pouvoir assurer les premières aides tels que l’hébergement et la scolarisation des enfants.
Les victimes et leurs enfants ayant subi un grave traumatisme sont entendus, dans le cadre d’une enquête judiciaire, par des équipes spécialisées qui sont formées pour recueillir les témoignages, lutter, protéger et sanctionner les auteurs des faits. Des enquêtes approfondies sont menées afin de mettre en lumière des preuves formelles tout en tenant compte de la présomption d’innocence.
Le processus « Mélanie » consiste à filmer les auditions afin d’analyser le témoignage des victimes et ainsi se prononcer sur la véracité des propos recueillis. Le phénomène « Mee toi » sur les réseaux sociaux est un outil qui permet aux victimes de dénoncer des faits prescrits et qui n’ont pas donné lieu à un procès. On ne peut occulter un apport non négligeable des réseaux sociaux au sujet de la libération de la parole et la dénonciation spontanée des auteurs. Alors, peut-on considérer que les phénomènes, tel que « Mee too » sont des progrès sociaux et peut-on y échapper ?
La libération de la parole et le traitement des faits de violences faites aux femmes via les réseaux sociaux peut-être extrêmement dangereux (mise à nu de l’intimité). Pour une meilleure efficacité dans le traitement des violences faites aux femmes, il est impératif d’avoir recours aux institutions et au système judiciaire, évitons d’avoir recours de manière systématique aux réseaux sociaux.